19/04/2010

données industrielles et sociales généralistes

Les bals du dimanche à Roubaix (Le Monde)


La ville du Nord n'en finit pas de réhabiliter ses friches industrielles en lieux de vie


Au Bal des beaux dimanches de La Condition publique, on vient de tous les quartiers de Roubaix et de toute la métropole lilloise pour danser, le temps d'un après-midi, valse, paso-doble, rock, slow et salsa, au rythme de l'orchestre de la Compagnie du Tire-Laine.


Dans cette ancienne manufacture de traitement et de stockage de la laine et des soies, reconvertie en centre culturel pluridisciplinaire, le mélange des sonorités et des genres va de soi comme ailleurs dans la ville. Quartiers du Pile, de la Fosse-aux-Chênes, de l'Epeule ou centre-ville, Roubaix distille ses différences en s'enracinant dans les bâtiments phares de son identité industrielle, vestiges grandioses et solennels de ce passé pas si lointain qui la vit un temps capitale mondiale du textile.


Si, depuis, les usines ont fermé l'une après l'autre, si les entrepôts et les ateliers se sont vidés, leurs édifices aux allures de châteaux médiévaux, eux, sont restés au même titre que les hôtels particuliers, les maisons bourgeoises, les cités ouvrières et les courées - impasses étroites bordées de petites maisons individuelles.

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Dans ce tissu urbain au maillage dense et fécond en joyaux de l'architecture industrielle, les bâtiments publics (gare, hôtel de ville) imposent tout autant leur présence et livrent d'autres histoires. L'ancienne piscine municipale, reconvertie en un merveilleux Musée d'art et d'industrie, rappelle ainsi que " la ville aux mille cheminées " fut aussi " la ville sainte du socialisme " que reconfigura, au début du XXe siècle, son maire, Jean-Baptiste Lebas, ministre du travail du Front populaire et père des congés payés.


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Personne pourtant, il y a dix ans, n'aurait parié sur l'avenir de Roubaix ni envisagé d'y passer la journée et encore moins d'y vivre. Chômage et pauvreté plombaient un paysage urbain, tenu en exil et impuissant à retenir sa population.


" La Piscine a été le vecteur d'image du renouvellement urbain et culturel de la ville ", souligne le maire, René Vandierendonck. Elle a fait de Roubaix une ville fréquentable. Avec leurs faux airs d'East End, ses quartiers séduisent. Patrimoine industriel et culture vont de pair. Le Centre des archives du monde du travail loge dans l'usine Motte-Bossu. Le Centre chorégraphique national de la danse, dirigé par Carolyn Carlson, et la compagnie hip-hop Dans la rue répètent dans la tout aussi impressionnante usine Roussel et se produisent au Colisée, l'ancien cinéma de la ville, autrefois troisième plus grande salle de France, mais aussi ailleurs, au Garage, à La Condition publique et au Gymnase.


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Roubaix bouillonne d'initiatives, crée des espaces verts et rénove les berges du canal. Les usines en friche, telle la minoterie, sont réhabilitées en loft, et la teinturerie est devenue un lieu branché où l'on déjeune ou dîne. Le dialogue des quartiers, qui s'est construit ici sur le principe de l'immigration et de l'intégration sociale par le travail, se prolonge en faisant de la création et du tissu associatif les vecteurs d'un changement ouvrant à un bal des plaisirs insoupçonnés.


Christine Coste

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Paru le samedi 22 mars 2008

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